Il y a une semaine déjà, la saison WRC 2018 commençait par ce qui est certainement le plus beau et le plus dur rallye de l’année: le Monte Carlo! Pour fêter ça, Toyota me conviait à assister à l’événement.
Départ de Valence à bord de la très rare Yaris GRMN de route. Notre périple nous emmène sur les routes d’Ardèche. Les conditions climatiques sont terribles: pluie, brouillard, voir neige! Les kilomètres s’enchaînent et nous faisons une halte au col de Fayolle: visibilité nulle, froid et vent. Il y a quelques années le Monte Carlo passait encore par là.
La remise
Le pèlerinage continue jusqu’à Entraigues avec notre guide: Anne Chantal Pauwels. Cela ne vous dit rien? C’est une grande dame du rallye qui fut entre autre copilote de François Delecour, Yvan Muller et Isolde Holderied
Nous arrivons à La remise, plus qu’un restaurant, c’est devenu un sanctuaire du rallye d’autrefois. Aujourd’hui, le Monte Carlo ne passe plus par là, seul le Monte Carlo historique s’y arrête encore. Le maître des lieux, Yves Jouanny, accompagné de sa sœur Yvette, nous accueille chaleureusement. La remise est recouverte des traces de pilote passé par là, venus déguster la fameuse tartelette. On y trouve par exemple les combinaisons de Jean Ragnotti, Bruno Saby, François Delecour, Didier Auriol, Sébastien Loeb et Sébastien Ogier. Des coupures de presse, des photos, des souvenirs… tout cela s’exposant sur les murs de l’établissement.
Après un bon déjeuner, Yves Jouanny nous lâche ces mots:
« Le rallye de Monte Carlo est toujours en Ardèche et ce petit coin de la Remise, c’est un petit coin de la Principauté. Pour moi c’est un peu ma fierté. »
Il peut l’être, fier. Nous le quittons, direction Gap!
Une Yaris WRC améliorée
Après une première saison pleine de promesse, les équipes Toyota ont amélioré la Yaris WRC. L’aérodynamique de l’engin est complètement folle, moi qui trouvait déjà la GRMN de route méchante, là on est sur de l’avion de chasse.
On remarquera le nouvel ensemble aérodynamique, spécialement conçu pour générer plus d’appui à l’avant pour une meilleure réactivité de la direction. La carrosserie modifiée permet également de refroidir davantage les composants mécaniques, ce qui s’avère particulièrement utile lors des événements les plus chauds du calendrier.
Côté pilotes, Jari-Matti Latvala reste présent et Ott Tanak, troisième du championnat avec Ford M-Sport l’an dernier, fait son arrivée à la place de Juho Hänninen. Esapekka Lappi garde aussi sa place.
Entrevue exclusive avec Tommi Mäkinen, directeur de l’équipe
Comment s’est passé cette première journée?
Nous avons eu une très bonne journée malgré la pluie. Je suis sur que demain sera encore meilleur. En particulier pour Ott, aujourd’hui était sa première journée complète avec une nouvelle voiture, potentiellement, il peut encore améliorer sa vitesse demain.
Est ce que vous vous attendiez à ce qu’il soit aussi rapide?
Non, c’est une belle surprise. Chacun de nos pilotes sont rapides. J’ai gagné ce rallye il y a quelques années 4 fois d’affilée, tous ces Sebastien qui gagnent le rallye depuis des années, il est temps que cela change. (rires)
Les principaux pilotes sont derrières, il n’y a que Sebastien Ogier devant, quelle est votre stratégie?
Je laisse les pilotes faire leur stratégie. Parce que je connais ce point de vue, de penser à faire attention, vous ne pouvez pas faire attention, c’est le jeu. Vous devez aller de l’avant et continuer à attaquer pour rester concentrer. C’est même plus sur. Si vous devez commencer à penser, c’est là que vous ferez une erreur. Évidemment, ces conditions sont très piégeuses et les pilotes doivent juste continuer à faire leur boulot.
En quoi le rallye Monte Carlo est si spécial?
Parce que vous avez toutes les conditions et que vous devez changez de style à chacune d’entre elles. Vous passez du pied au plancher à quasiment zéro. Il faut garder les yeux ouverts.
Après une journée complète, voyez vous déjà les changements apportés sur la Yaris?
Les améliorations ont été faites principalement pour les hautes vitesses. On ne les ressent pas particulièrement sur le Monte Carlo qui est assez glissant. Ce que je peux dire c’est que nous sommes très contents du package actuel, la voiture est bonne, nos pilotes sont forts. Aujourd’hui la compétition est rude, chaque team peut faire le meilleur temps, chaque team a un pilote rapide. Ce n’est plus l’époque où un team ou un pilote dominait. Maintenant c’est intéressant.
Notre but est d’avoir une voiture homogène sur toutes les conditions. Sur nos terres en Finlande, sur la neige, nous sommes extrêmement rapide. Nous continuerons à travailler toute la saison pour améliorer la voiture. Nous avons collecté énormément de data l’année dernière qui nous permettrons d’être encore meilleur.
Quels sont vos objectifs cette saison?
Nous voulons gagner plus de rallyes et gagner les titres évidemment. C’est un début de saison brillant. Je crois que notre équipe est plus forte qu’elle n’a jamais été depuis nos débuts. Je suis très heureux de voir les efforts de tous et très impressionné par l’adaptation très rapide d’Ott dans l’équipe, par son professionnalisme et sa rapidité d’apprentissage. Ce serait parfait de continuer ainsi. Nous avons hâte d’être en Suède.
Aux bords des spéciales
Quoi de mieux qu’un hélicoptère pour nous acheminer en bordure des spéciales? J’ai ainsi eu la chance de pouvoir approcher au plus près les n°4-6-7-10 et 11. Il faut bien l’avouer sous des conditions climatiques parfois compliquées. Il faudra attendre le samedi pour voir le soleil pointer le bout de son nez, mais aussi la neige tombée pendant la nuit!
Ce Monte Carlo 2018 a tenu toutes ses promesses avec des spéciales très délicates à négocier.
Ott Tänak a impressionné sur tout le rallye. Il s’est très vite adapté à la Yaris WRC pour signer quatre meilleurs temps en spéciales et se battre pour la victoire dans des conditions difficiles. Grâce à une stratégie prudente, il préserve une très belle seconde place pour ses débuts sous les couleurs TOYOTA.
Jari-Matti Latvala a lui aussi joué la prudence pour assurer un double podium à l’équipe et marque deux points sur la Power Stage.
Quant à Esapekka Lappi, il termine septième suite à une petite erreur dans la dernière spéciale, à 15 secondes de la quatrième place qu’il a longtemps tenue. On sentait bien le Finlandais particulièrement déçu, mais il peut considérer ce résultat comme très honorable pour son premier Rallye Monte-Carlo au volant d’une WRC.
Le choix des pneumatiques
Le dilemme du Monte Carlo est le choix des pneumatiques. Neige, pluie, sec… les concurrents doivent s’adapter au mieux. Problème: les pneus sont limités et il faut bien les choisir. Tous les constructeurs sont montés en Michelin, le fournisseur officiel du WRC.
Au Monte-Carlo, le nombre total de pneumatiques mis à disposition de chaque pilote WRC au Rallye Monte-Carlo 2018 se compose de 80 pneus : 20 Michelin Pilot Sport S6 (soft), 24 Michelin Pilot Sport SS6 (super soft), 12 Michelin Pilot Alpin A41 et 24 Michelin Pilot Alpin A41 CL (cloutés). Chaque pilote aura le droit d’utiliser au maximum 39 pneus au choix pour toute la durée du rallye, et 4 supplémentaires pour le shakedown.
Nous rencontrons au passage Dimitri Demore, responsable chez Toyota de toute la partie suspension, freinage, différentiel… et Français! Il réalise un travail monstre, en particulier sur les amortisseurs. Là aussi le choix est délicat, faut il régler la voiture pour le sec ou le mouillé? Apparemment, le travail est réussi puisque les Toyota occupent les avant postes!
La saison 2018 lancée
Que retenir à chaud de cette 86ème édition? Ogier conserve sa vitesse de pointe. Mais, on voit aussi que Tänak est déjà à l’aise dans la Toyota. Après une course solide, quasi exemplaire, il débute donc chez Toyota par une superbe seconde place. Il risque d’être redoutable cette année après avoir passé un vrai pallier l’an dernier chez M-Sport. A voir comment réagira Latvala, il faudra qu’il soit fort mentalement, surtout si son coéquipier Estonien est régulièrement devant lui.
« Je suis vraiment content, c’est un soulagement d’être là et de débuter la saison comme ça. Il y a toujours un peu d’excitation quand vous arrivez dans une nouvelle équipe. J’avais un très bon feeling avec cette voiture, tout comme avec l’équipe. Je remercie mes ouvreurs qui ont très bien travaillé. »
Ott Tanak, pilote Toyota
En Suède pour la prochaine épreuve du WRC, Ogier ouvrira le premier jour avec tout ce que cela comporte d’inconvénients. L’an dernier, c’était la première victoire de Toyota depuis le retour, avec Latvala. Il devançait alors Tänak…