Direction Aix-en-Provence en partant d’Avignon pour l’essai de la Hyundai Ioniq 6, cette nouvelle auto 100% électrique vient compléter l’offre du constructeur coréens aux côtés de la géniale Ioniq 5 et du Kona.
Le jeu d’échec
Si certains constructeurs cherchent à harmoniser le style de leur modèle, c’est tout le contraire chez Hyundai. Cette stratégie à l’image d’un jeu d’échec est à mettre en opposition avec celle des poupées russes. Hyundai veut proposer un modèle avec une identité forte dans chaque catégorie plutôt que de décliner un design unique. Alors que représente la Ioniq 6 sur ce drôle d’échiquier? Le fou certainement, car elle ressemble à aucune autre.
Comme vous pouvez le voir, il ne s’agit pas d’un énième SUV. Hyundai a osé proposer une berline: Formidable! Au premier coup d’œil, il y a des airs de Mercedes CLS de première génération et même de Porsche 911 à l’arrière. Les porte-à-faux sont courts, même si la voiture est longue avec ses 4.85m de long. En tout cas, la Hyundai Ioniq 6 est l’une des voitures les plus intrigantes qui m’a été donnée d’essayer récemment.
Une Ioniq 5, c’est taillée à la serpe. Tandis que la Ioniq 6 fait la part belle aux courbes. Son design est une aile d’avion, une goutte d’eau. Il est sans commune mesure au service de l’aérodynamique. La marque évoque comme inspiration le style « streamline » popularisé dans les années 1930. Seul trait d’union entre les deux modèles électriques: Les pixels qui se trouvent au niveau des projecteurs et des feux. Sans aucun doute, la Ioniq 6 possède une sacrée personnalité. Impossible de la confondre avec un autre modèle de la production actuelle.
De Prophecy à Ioniq 6
Bien souvent, lorsqu’un constructeur sort un nouveau modèle, un concept annonciateur est présenté en amont. Il faut remonter en mars 2020 pour découvrir Prophecy et les mauvais souvenirs de la crise du Covid. Le salon de Genève est alors annulé et la marque présente son concept sur le web.
Il annonçait clairement la promesse d’une beauté intemporelle ( en tout cas moi j’adore, il a un charisme fou ). Le concept Prophecy présente une silhouette simple et pur respectant une conception aérodynamique. Il s’appuyait déjà sur un empattement allongé et un porte-à-faux raccourci grâce à la plateforme E-GMP. Les designers de Hyundai sont parvenus à atteindre une forme automobile ultime associés à l’harmonie esthétique et la fonctionnalité.
Trois ans plus tard, nous découvrons aujourd’hui la Ioniq 6. Si elle s’en inspire, elle a perdu ses galbes. Dommage, mais c’est le jeu des concepts qui s’affranchissent de toute forme de réglementation, sécurité et norme.
Le style au service de la technique
Lorsqu’on se rapproche de la caisse, on peut apprécier le travail des ingénieurs. Il y a des petits appendices aérodynamiques quasiment partout. A l’avant, les volets d’air actifs du bouclier permettent de réduire la résistance aérodynamique totale de près de 20%. Les volets s’ouvrent lorsque le système de refroidissement doit fonctionner. C’est le cas lorsque le véhicule charge par exemple. Et ils se ferment lorsqu’il n’est pas nécessaire de réduire la résistance aérodynamique. Tout simplement.
A l’arrière, Hyundai s’est également inspirée du Spitfire, célèbre avion de chasse britannique utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, pour dessiner le spoiler. Il vise à réduire la traînée en minimisant les vortex à l’extrémité du becquet. Le véhicule lui-même bénéficie d’une forme profilée rappelant celle d’une aile d’avion. Ainsi, à vitesse élevée, la portance est produite de façon aérodynamique par la différence de pression entre les parties haute et basse du véhicule. D’ailleurs phénomène assez étrange lors de cet essai, des bruits de résonance aéro sont apparus sur l’autoroute sans vraiment savoir les expliquer à part par le souffle latéral du Mistral.
Le plancher a également fait l’objet d’une attention particulière. Il est complétement caréner pour améliorer la circulation de l’air, le diffuseur positionné sous le bouclier arrière étant l’élément le plus important. Toutes ces solutions aérodynamiques confèrent à Ioniq 6 un coefficient de pénétration dans l’air parmi les meilleurs au monde sur une voiture de série, avec seulement 0.21. A titre de comparaison, sa sœur Ioniq 5 qui repose sur la même plateforme E-GMP se contente d’un 0.29. Vous me direz qu’est ce que ça change 0.08? Nous allons le voir plus tard.
Oh mon Pixel
Mon modèle d’essai disposait des jantes 18 pouces. Pas forcément les plus belles du monde, mais au dessin spécialement étudié pour favoriser l’aérodynamisme. Il est possible d’opter pour des jantes de 20 pouces bien plus statutaire mais qui réduisent considérablement l’autonomie. Dans la vie il faut faire des choix. Par contre, je n’avais pas les rétroviseurs extérieurs latéraux caméra. Une option à 1200 Euros.
Parmi les coloris pour la teinte extérieure, on oscille entre le noir et le gris. Que ce soit en mat, métallisée ou perlée. Il y a bien un blanc, mais surtout une teinte de base gratuite bleue assez flashy portant le doux nom de Blue Byte. Le bleu Byte en français: Oui c’est assez osé!
Enfin, comme c’était le cas déjà sur la Ioniq 5, Hyundai a particulièrement travaillé la signature lumineuse. Ainsi, à l’avant, figurent des projecteurs pixelisés tandis qu’à l’arrière, ce sont deux larges bandeaux lumineux qui viennent prendre place sous les ailerons et ainsi occuper toute la largeur du véhicule. On aime ou on n’aime pas mais l’ensemble ne laisse clairement pas indifférent. L’auto fait retourner les passants qui cherchent un logo pour identifier cet étrange véhicule.
A l’intérieur de la Ioniq 6
L’intérieur de la Ioniq 6 n’est pas repris de la Ioniq 5. On retrouve tout de même quelques éléments comme le double écran de 12,3 pouces. Un pour les compteurs, un pour le multimédia et la navigation. Mais l’ensemble est diffèrent, surtout le mobilier, et semble déjà être une grosse évolution. Que ce soit en terme de technologie, qu’en qualité des matériaux.
Par exemple les bords des écrans de Ioniq 5 étaient blanc, ici ils sont noires. Donc le thème foncé se marrie mieux avec le bord des tablettes. Hyundai s’est donné beaucoup de mal pour assurer un habitacle silencieux, avec plusieurs couches de matériaux insonorisants pris en sandwich entre le sol et la moquette. L’espace de chargement à l’intérieur du coffre peut ne pas rivaliser avec celui d’un hayon, mais les sièges arrière se rabattent pour agrandir l’espace à l’arrière. On se contente ici de 401L et d’une ouverture réduite.
Le mobilier de la planche de bord se termine par deux ailettes qui intègrent les écrans numériques lorsque vous choisissez les rétroviseurs caméras. L’ensemble est bien réalisé, encore plus lorsque la lumière baisse et que l’ambiance lumineuse se dévoile. L’ensemble est beau visuellement. On a le choix parmi les 6 thèmes bicolores et il est également possible de régler l’éclairage parmi 64 couleurs. Le mode Éclairage asservi à la vitesse ajoute une dimension émotionnelle à l’expérience de conduite en jouant sur la luminosité de l’éclairage intérieur en fonction de la vitesse du véhicule.
Ioniq 6 la voyageuse
Surprenant, la position de conduite est très similaire à Ioniq 5. C’est à dire qu’elle est assez droite et vous risquez de voir le haut de votre tête disparaître dans la découpe du toit ouvrant. Après tout elle repose sur la même base mais pour ma part j’aurais aimé être assis 15 cm plus bas, et par la même abaisser la ligne de toit de 15 cm pour jouer à fond la carte aérodynamique. Car finalement, si visuellement c’est bien une berline, elle n’est que 11 cm moins haute que Ioniq 5.
Vous me direz, oui mais il faut de l’espace à bord, après tout avec l’autonomie annoncée, elle se prédestine à être une voyageuse? Exact, mais c’est assez ambigu vu la taille du coffre. On sent que Hyundai a tout de même réalisé des compromis pour que l’on se sent comme dans un cocon à l’intérieur de la Ioniq.
D’ailleurs, en parlant de voyage, on peut remarquer que la Ioniq 6 est le premier modèle à être équipé du planificateur d’itinéraires.
Lors de la saisie d’une destination, le système de navigation propose et sélectionne automatiquement des bornes de charge sur l’itinéraire. De plus, le système met à jour en temps réel les recommandations d’itinéraire et d’arrêt de recharge selon la conduite et les options sélectionnées. Par exemple, un filtre est possible selon le type de chargeurs (Courant Alternatif / Courant Continu ) et les fournisseurs.
Moteur
La Ioniq 6 roule sur la nouvelle plateforme E-GMP du groupe Hyundai Kia, tout comme la Ioniq 5 et sa cousine Kia EV6. Il dispose d’une charge intelligente de 800 volts, ce qui lui permet de charger très rapidement comme sur les bornes 350 kW. En pratique, cela donne une charge de 10 à 80 % en à peine 18 minutes. Une rapidité surprenante que j’ai pu vérifier sur une borne de recharge Ionity.
Nous avions préalablement rentré la destination dans le système de navigation. Ce qui a provoqué le déclenchement du chauffage et pré-conditionnement de la batterie. Mais il est aussi possible de l’activer en stationnement. D’ailleurs les temps de charge en fonction des puissance de recharge sont connues. Au jour d’aujourd’hui, elles font parties du haut du panier:
- jusqu’à 239 kW: Recharge en 15 min ( 10 à 80%)
- 50 kW: Recharge en 1H13 min (10 à 80%)
- 11 kW: Recharge en 7H10 min (10 % à 100%)
- 7 kW: Recharge en 12H (10 % à 100%)
La forme aérodynamique donne à la Ioniq 6 une autonomie plus importante que la 5. Sur le papier, sa batterie de 74 kWh utilisable suffit pour rouler 614 km sur une seule charge. Là ou la Ioniq 5 se contente de réaliser 507 km! Surprise quand vous avez le choix des jantes 20 pouces, l’autonomie tombe à 545 km! Alors style ou efficience?
Au volant de la Ioniq 6
La nouvelle Ioniq est une création remarquablement différente de celle de la 5. Vous pouvez remarquer certaines similitudes entre les deux voitures sur la route, mais il existe également des différences significatives. Tout dans la transmission semble avoir été resserré d’un cran, la 5 n’est pas une mauvaise voiture, la 6 atteint juste un autre niveau de raffinement.
Cette version propulsion de 225 ch ne produit pas le même coup de pied au fesse que sur une Tesla. Mais la Ioniq 6 parvient à fournir un couple instantané avec une poussée impressionnante. Le calibrage de la pédale de frein est tout aussi impressionnant, car cette transition délicate entre la récupération d’énergie et les disques et plaquettes réels est bien dosée. Encore une fois, vous pouvez sentir l’évolution entre les deux Ioniq ici.
Alors que la conduite de l’Ioniq 6 est fluide et que son habitacle est bien isolé et silencieux, sa maniabilité est toujours très attrayante. Son centre de gravité bas lui donne une sensation plantée dans les virages et les palettes au volant permettent au conducteur de sélectionner différents modes de freinage régénératif à la volée. Tout particulièrement efficace en ville, on trouve même le mode One Pedal.
Rapide mais pas furieuse
J’accélère le rythme pour juger des capacités sportives de l’engin. D’ailleurs, il y a bien un mode Sport et même la possibilité d’activer un son électrique sur plusieurs niveaux. Ce dernier est fort heureusement complétement neutralisable. Dommage que la direction ne remonte aucune information. Et ce n’est pas le mode Sport, censé la durcir, qui améliore les choses. Oui elle est plus dure, mais comme elle ne communique pas, cela est inutile. Le centre de gravité est bas, et même encore plus bas que sur Ioniq 5 puisqu’elle est 11 cm plus basse, ce qui lui confère un bon maintien sur les appuis. L’accélération est efficace avec un temps de 7.4 secondes sur l’exercice du 0 à 100km/h.
Mais cette version de 229ch a tout de même quasiment deux tonnes à emmener. Alors lorsque ça tourne, la masse mets rapidement en contrainte les malheureux pneus Hankook. Si vous aviez choisi les jantes 20 pouces, sachez que Hyundai a choisi des gommes Pirelli P Zero. Le grip devrait être en toute logique meilleur. A voir peut être également avec la version HTRAC qui aura le droit à la transmission intégrale et plus de puissance. Pour le moment, sur cette version ce n’est pas sa tasse de thé et j’ai beaucoup plus apprécié sa conduite coulée.
Pour finir, un point sur les consommations. Je termine avec un bon 17 kWh/100 km sans adapter une éco conduite, un chiffre que je trouve excellent aujourd’hui. Sur l’autoroute à 130km/h, j’étais a 21-22 kWh/ 100km. La encore, on voit que Hyundai maitrise son sujet.
Conclusion
La Ioniq 6 montre que Hyundai est capable de créer un véhicule électrique efficace et efficient. Cela paye puisqu’elle parvient à se montrer encore meilleure par rapport à la déjà impressionnante Ioniq 5. Elle en reprend les points forts, et y ajoute les avantages intrinsèque d’une berline à l’aérodynamique travaillé.
Cela devrait suffire pour qu’il soit l’un des véhicules électriques les plus en vogue de 2023 à moins que l’ogre Tesla ne lui laisse que des miettes.
Notation
Fiche Technique de la Hyundai Ioniq 6 MOTEUR Type : Électrique Puissance maxi : 168 kW ( 229 ch ) Couple maxi : 350 Nm TRANSMISSION Propulsion Boîte de vitesses : automatique POIDS Données constructeur à vide : 1985 kg PERFORMANCES Vitesse maxi : 185 km/h 0 à 100 km/h : 7″4 sec CONSOMMATION Batterie: 77,4 kW Autonomie: 614km ( avec les jantes 18 pouces ) |