La Race Across Belgium (RAB) est une épreuve de cyclisme ultra distance dite en semi-autonomie. Il y a au choix 3 distances: 300, 500 et 1000km. Pour cette dernière distance, vous avez un temps limite de 3,5 jours max soit 84 heures. Sylvain a choisi d’affronter les 1000km et 8730m de dénivelé positif. Il nous raconte son aventure.
Une inscription au dernier moment
A 35 ans, il se lance à l’assaut d’un sacré challenge. Il a dans ses bagages quelques courses connues, notamment dans le triathlon. Suite à un accident de la route, il arrête la course à pied et se tourne vers le VTT. En juillet dernier, il commande un superbe Scott Spark 2023 ( si vous n’avez jamais vu la vidéo ) mais ce dernier n’arrivera jamais. Il se tourne alors vers un Scott Foil en stock, et oui un route aéro!
A la recherche d’un défi route, pour entre guillemets remplacer son objectif de participer à la MB Race. Cette course autour du Mont Blanc est connue pour être la course VTT la plus difficile au monde. Sylvain aime les défis de taille XXL. Il faut dire qu’il y a 12 ans, il faisait son premier marathon, et il y a 10 ans, il participait à son premier Iron Man.
Si je sais que je peux y arriver et que c’est facile, je n’ai pas d’intérêt à y participer.
Habitué des longues distances donc. Sylvain explique : » Si je suis sûr d’aller au bout, je ne suis pas motivé à aller m’entrainer, à me dépasser et à me faire mal. » Son beau frère lui lance alors l’idée de participer à une Race Across seulement 3 semaines avant le départ. La Race Across France étant peut être un gâteau trop gros à avaler, c’est vers la Race Across Belgium que Sylvain se tourne.
Qu’est ce que la RAB? Race Across Belgium
Au programme: une boucle de 500km, puis 300km, puis 200km pour 1000km au total. Alors vous me direz que le Foil n’est pas le vélo le plus adapté pour faire de l’endurance, mais c’est un vélo route et il roule plutôt bien. Sylvain achète l’équipement obligatoire pour participer. Il reçoit sa lampe frontale au dernier moment et va la tester 3 jours avant le départ sur une courte sortie de nuit.
La semi-autonomie est définie comme étant la capacité à être autonome entre deux Bases de Vie, aussi bien sur le plan alimentaire que de celui de l’équipement vestimentaire et de sécurité, permettant notamment de s’adapter aux problèmes rencontrés, prévisibles et imprévisibles. Aucune assistance n’est autorisée sur le parcours en dehors des bases de vie sous peine de disqualification immédiate. C’est pourquoi la Base de Vie sera équipés de douches, toilettes, un endroit pour dormir, boisson et ravitaillement.
La trace du parcours est communiquée lors de l’inscription. Si vous quittez l’itinéraire à un moment quelconque (par exemple pour vous reposer ou pour vous réapprovisionner), vous devrez rejoindre l’itinéraire à l’endroit où vous l’avez quitté. Vous recevrez également un traceur GPS dans le cadre de votre inscription, qui permettra aux organisateurs de vous suivre (et aussi vos amis et votre famille !)
Race Across Belgium: parti pour 500km
Le jour J, le premier inscrit part le premier. Evidemment vous l’avez deviné. Sylvain est le dernier inscrit sur les 1000km, il s’élance donc dernier. Lorsqu’il part, il n’y a plus personne derrière.
Tout le monde roule avec des prolongateurs, sauf Sylvain. Lorsqu’on fait de l’ultra distance, on se nourrit quasiment en continu. Les prolongateurs servent souvent de table de pique-nique pour s’alimenter. L’astuce du triathlète: il scotche deux éponges sur le cintre pour se reposer de temps en temps. Malheureusement la météo n’était pas au rendez vous, la pluie s’est fait présente ( et intense ) tout au long de l’épreuve. Avec seulement 1H de soleil en tout et pour tout.
Parti à 22H46 le mercredi. Il arrive à la Base Vie à 19H21 le lendemain et réalise ses premiers 500km en 20H35. Dans sa tête, c’était terminé. Le plan de départ était à la base de dormir et de repartir rapidement sur le 200km. Complètement noyé par une météo exécrable, il n’a retiré sa veste fluo que 30 min lors de cette première boucle.
Le moral n’est pas bon. Sylvain nettoie son vélo, le graisse, prend sa douche et se change en jogging. Il arrive au ravito pour manger comme un touriste. Le staff le dévisage, que fait il là? Les autres participants étaient restés en cuissard, recouvert de boue. Un coup de fil à un ami qui booster le moral ( coucou Sebastien Mieze ) et au lit. Sylvain doit respecter un minimum de 4H d’arrêt avant de repartir. Il met alors un réveil toutes les heures et mentalement décide de ne pas repartir tant que la pluie est là.
Race Across Belgium: 200km pour le petit déjeuner
Evidemment, le lendemain il pleut. Tout le temps. TOUT LE TEMPS. Pour la petite histoire, je connais Sylvain via un groupe Facebook dédié à Zwift. Sous les couleurs du CVCC ( Calais Virtual Cycling Club ) initié par Thomas Hamon, nous roulons ensemble sur les routes virtuelles de Watopia. Le groupe suit bien sur l’évolution de Sylvain sur cette RAB avec attention.
Il est 7 heures du matin. Sylvain se rhabille après une courte nuit, il lit nos encouragements, et alors qu’il allait enfiler son jean pour abandonner, c’est le cuissard qu’il choisit. Pas le temps de manger et de s’hydrater, c’est maintenant ou jamais. La preuve que c’est une course mentale plus que physique. Sylvain continue de recevoir nos messages directement sur son Garmin, ceux de sa femme, de ses proches. Et ca c’est bon pour le moral.
Il est midi. Sylvain avance péniblement à 25km/h ( il pleut toujours). Objectif: trouver un endroit où manger. Sylvain s’arrête avec de la boue de la tête au pied dans une boulangerie de campagne. Le rouge du Scott Foil n’est même plus visible. La patronne est médusée tout comme les habitués présents. Un sandwich de compétition plus tard, c’est reparti sur les chapeaux de roues! Comme quoi si la tête ne va pas, les jambes ne suivent pas.
Retour à 15H48 à la Base Vie de Braine l’Alleud.
Race Across Belgium: 300km pour finir
Il pleuvait des cordes et les participants du 300km encore tout propre s’élançaient les uns après les autres. Sylvain complètement noyé ne pense plus à s’abriter. Un nettoyage de vélo plus tard, et une assiette de riz, c’est reparti pour cette boucle de 300km. Certainement la plus redoutable. En fait, lorsque vous participez à la RAB, c’est quasiment toutes les classiques Belges en une fois. Namur, Mur de Durbuy, puis Mur de Huy au kilomètre 920 et enfin le Mont st Guibert au kilomètre 980. Ca grimpe!
Il est 17 heures quand il repart et dans 3 heures ou 80km plus loin, ça sera l’heure de manger. Le sandwich du midi est encore dans la tête, l’objectif est de trouver un Kebab ouvert vers 19H. Ça sera finalement une pizzeria. Evidemment, la pizza est avalée vite fait sous la pluie. D’ailleurs si vous quittez la trace du parcours, il faut revenir au point ou vous l’avez quitté. Il est aussi interdit d’avoir une assistance qui vous attends avec de la nourriture sur la route.
Il est 1H du matin, les bosses s’enchainent. En pleine campagne, un point lumineux apparait. C’est un distributeur automatique d’une autre époque. Sylvain en profite pour faire grimper en flèche sa glycémie avec deux cocas et un redbull. A 3 heures du matin, l’ascension de la Redoute débute. Impossible de voir le sommet, dérailleur tout à gauche. Sylvain s’énerve et cri à travers la nuit. C’est dur, c’est long, c’est surtout interminable.
Les ultimes 50km
Il y avait un participant que Sylvain avait doublé plusieurs fois. Au jeu des arrêts, au bout du 6ème dépassement, le GPS se coupe subitement. Même avec la powerbank, impossible de le relancer. Il y a un peu de chance dans cette mésaventure, Sylvain perd la trace mais trouve un compagnon pour le ramener jusqu’à l’arrivée. Il le suit donc à distance, car il est aussi interdit de prendre l’aspiration des autres concurrents.
Finisher de la RAB
L’arrivée est un soulagement. Une sacrée découverte d’un événement qui n’aurait jamais eu lieu si Sylvain avait eu son Spark!
Au final, Sylvain termine 7eme au général. 56 heures et 50 minutes d’effort. Un périple incroyable. Il ne sait pas s’il participera l’année prochaine, peut être avec du soleil qui sait. Saluons Clémence Vandergheynst, la seule femme à avoir terminé les terribles 1000km, bravo à elle!