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Essai Peugeot e-3008 : la lionne ne rugit plus

6 minutes de lecture

Voici en fanfare la Peugeot e-3008! Si Peugeot en attends beaucoup pour reprendre le leadership sur le segment, cette version électrique a ses qualités, mais aussi ses défauts. C’est ce que nous allons découvrir…

Une bonne pression pour la STLA

Malgré le succès de sa précédente génération, la nouvelle Peugeot 3008 a désormais de sacré adversaires sur le segment des SUV compacts. Et c’est encore plus vrai pour cette version 100% électrique e-3008 qui voit en plus arriver des armées de modèles Chinois totalement décomplexée.

La Peugeot e-3008 repose donc sur la plateforme STLA Medium. Prononcé Stella, comme la bière. L’architecture STLA Medium (il y en a aussi des Small, Large et Frame en préparation pour d’autres tailles de voiture, mais Medium vient en premier) a été conçue avant tout pour les voitures électriques puis adaptée pour accueillir un moteur à combustion interne et un hybride rechargeable.

Cette fameuse STLA va servir pour construire deux millions de voitures par an des diverses marques du groupe Stellantis et la première d’entre elles est la voiture du jour: la Peugeot e-3008. Étant donné que l’actuelle Peugeot 3008 a été un succès phénoménal pour Peugeot depuis son lancement en 2017, avec 1,3 million d’unités vendues dans 130 pays. On ressent lors de la présentation la pression exercée sur la nouvelle voiture. Non seulement pour maintenir ces chiffres, mais aussi pour garantir des bases solides à tant d’autres modèles à venir.

3008, du monospace au fastback

L’architecture STLA M est conçue pour les voitures d’une longueur comprise entre 4,3 m et 4,9 m et avec un empattement de 2,7 à 2,9 m. Ainsi, avec un peu plus de 4,5 m de long et un empattement de 2,7 m, le e-3008 se situe vers l’extrémité la plus compacte des modèles qui utiliseront STLA M. Le 3008 en est maintenant à sa troisième génération et à chaque génération, il a pris une forme différente. Il a commencé comme monospace, est devenu un crossover et est désormais, selon Peugeot, un fastback.

Pour le look, soit on aime, soit on déteste. Je fais partie de la seconde tranche. Autant je trouve la nouvelle 408 ridiculement longue, ici on a fait l’inverse et elle est ridiculement haute, tout en adoptant ce fameux profil fastback. Comme si un enfant avait étiré (408) et ensuite écrasé (3008) sa voiture.Le staff Peugeot n’avait que le mot allure à la bouche, est ce que la méthode Coué fonctionnera? Bonne question. Il y a pourtant des éléments de design sympathique, dommage que l’ensemble fasse pataud et surchargé.

Sous le capot de la Peugeot e-3008

Pour le lancement de cette Peugeot e-3008, il y a un moteur électrique de 210 ch alimentée par une batterie lithium-ion de 73 kWh utiles et dont les cellules chinoises BYD seront remplacées par des ACC françaises fin 2024. Viendra ensuite l’accumulateur de 98 kWh aux 700 km d’autonomie, mais pas avant 2025.

A titre de comparaison, la Peugeot e-3008, qui sera lancée dès le 24 février, promet donc entre 510km d’autonomie en cycle mixte WLTP. C’est mieux qu’une Tesla Model Y propulsion qui se contente de 60 kWh et 455 km. Autant que la Grande Autonomie au même prix (78,8 kWh et 533 km), mais cette dernière embarque quatre roues motrices et une puissance deux fois supérieure. On peut aussi la comparer avec mon dernier essai: la petite Volvo EX30 avec 64 kW et 476 km, mais plus puissante et moins chère.

La marque au lion annonce les temps de recharge de 20 à 80 %. Prévoyez 23h15 sur une prise domestique (2,3 kW), 7 heures sur une wallbox 7,4 kW, et 4h50 sur une borne triphasée 11 kW. Sur borne rapide en courant continu, l’e-3008 accepte 160 kW maximum et ne réclamerait que 30 minutes. En théorique, car les premiers retours indiquent une chute rapide de la puissance de charge.

Pas de préchauffage, ah?

Si Peugeot a d’abord assumé le choix de se passer d’un système de préconditionnement, arguant que l’opération était trop énergivore. Il aura suffit de quelques tests en conditions réelles pour les faire changer d’avis. La Peugeot e-3008 recevra dans quelques mois une évolution permettant de préchauffer la batterie sur secteur. Pas vraiment rassurant…

Il faut dire que chez Peugeot, on commence à accumuler les boulettes entre le fameux Puretech surnommé Puremerde et la 9X8 du Mans sans aileron, qui après avoir écumé le bas du classement WEC pendant deux ans, devrait en recevoir un pour 2024.

Une puissance relaxante

Revenons sur les performances de cette e-3008. Avec 210ch et 2100kg, le moteur électrique permet de réaliser le 0 à 100km/h en 8,8 secondes. La vitesse maxi s’établit à 170km/h. Ce n’est pas incroyable pour ses performances au sens numérique, mais la façon dont la puissance est délivrée rend la voiture relaxante à conduire.

Le freinage régénératif est contrôlé par les palettes. Trois niveaux différents d’assistance régénérative sont disponibles et cela fonctionne bien. Cependant, pour la pédale de frein elle-même, le comportement est des plus perturbant. Après une consistance correcte sur les premiers centimètres, le pied droit s’enfonce dans le vide avant que le freinage revienne. Il s’agit en fait de la transition entre freinage régénératif et celui via les disques. Il est triste de voir que Peugeot ne maîtrise toujours pas cet exercice.

A l’intérieur de la Peugeot e-3008

La refonte extérieure est une chose mais celle de l’intérieur en est une autre. La Peugeot e-3008 présente un intérieur d’un vrai style et d’un bon niveau de qualité perçue. Il n’y a pas de chrome ni de cuir, mais à la place de nombreux beaux tissus et garnitures en aluminium.

La e-3008 est une voiture dans laquelle il est facile de s’installer confortablement et les sièges sont excellents. Les passagers arrière peuvent également bénéficier de suffisamment d’espace pour les jambes et la tête. Assez pour entreprendre une longue distance en tout cas. La capacité du coffre, à 520 litres, est inférieure de 25 litres à celle du Scenic, mais il s’agit d’un espace grand et large avec un plancher plat. Cette capacité est également la même que celle des 3008 précédents, même avec la ligne de toit plus inclinée.

L’i-Cockpit à la sauce panoramique

La technologie est également nouvelle à l’intérieur. Vous connaissiez sans aucun doute le fameux i-Cockpit de Peugeot. C’est essentiellement un petit volant qui peut bloquer la vue de l’écran conducteur si vous n’avez pas le volant sur vos genoux. Et bien, c’est désormais un Panoramic i-Cockpit. C’est toujours un petit volant, mais les affichages se déplacent vers le haut du tableau de bord et vous pouvez le voir! Incroyable, il en fallu du temps à Peugeot pour comprendre. Par contre, pas de chance pour les plus petits qui ne verront plus la route.

Le Panoramic i-Cockpit dispose d’un écran de 21 pouces qui est l’association de deux écrans : un pour le conducteur à gauche et un écran tactile à droite pour l’infodivertissement. Il manque cruellement d’allure ( Vu que chez Peugeot une phrase sur deux doit contenir ce mot, autant l’utiliser aussi). Les graphiques donnent l’impression qu’ils ont déjà besoin d’une mise à jour. Le Scenic est beaucoup plus élégant visuellement avec l’affichage à l’écran.

Vous aurez aussi remarqué qu’il n’y a plus de boutons physiques pour accompagner l’écran tactile, mais plutôt une rangée de grands i-Toggles numériques que vous pouvez personnaliser. Ceux-ci fonctionnent bien et sont clairs et faciles à utiliser.

Au volant de la Peugeot e-3008

La Peugeot e-3008 roule bien sur les routes lisses du parcours, ce à quoi le poids de la voiture contribue. Rappelons qu’elle pèse bien plus de deux tonnes. Il faut dire que l’architecture STLA M n’est pas légère. En effet, dans le futur elle devra également soutenir les Jeeps ayant des besoins tout-terrain.

Le poids de la e-3008 émousse cependant la maniabilité. Tout cela est très prévisible, avec un roulis bien contenu, mais ce n’est en aucun cas excitant ou impliquant. La direction n’est pas précise. Encore moins que la Peugeot e-308, sans toutefois atteindre le niveau d’un utilitaire.

Pour profiter des 210ch, il faudra enclencher le mode Sport. Sinon, il n’y aura que 190ch sous la pédale en mode Normal, et 170ch en mode Eco. Finalement c’est bien en ville qu’elle s’en sort le mieux, ou son confort ( sa mollesse ? ) et son rayon de braquage, la rendront agréable au quotidien.

Vraiment meilleure que Tesla?

Lors de la présentation à la presse, Peugeot a sorti avec fierté un joli graphique montrant qu’il ne fallait que 2 charges à la e-3008 pour faire Paris-Marseille. Contre 3 pour une Tesla Model Y et 4 pour la plus petite des Volvo EX30.

Bizarrement, sur le parcours routier effectué lors des essais, la lionne réclame 21,5 kWh/100 km. Je vous passe les calculs mais on obtient 335 km d’autonomie maxi dans ces conditions peu favorables. Quant à l’autoroute, la consommation affiché au tableau de bord grimpe à 24,5 kWh/100 km, soit 300 km d’autonomie maxi. Pas évident que l’e-3008 aille beaucoup plus loin que le Model Y dont l’efficience semble encore largement supérieur.

Conclusion

Si vous avez l’effet wahoo en apercevant son nouveau design, vous l’aurez une deuxième fois à l’intérieur. Il faudra ensuite vivre avec, c’est là que la Peugeot e-3008 rentre dans le rang. Pas de dynamisme, trop peu de place à l’arrière, et gestion de l’efficience pas au niveau des meilleurs. A cela s’ajoute un tarif qui joue dans la cour des premiums et devrait en refroidir plus d’un. Il est intéressant d’attendre au moins une année, le modèle risque de beaucoup évoluer d’ici là…

La Peugeot e-3008 GT présentée ici s’affiche à partir de 46 990 €.

Notation

Design
6
Vie à bord
7.5
Performances
6.5
Plaisir de conduite
6
Présentation intérieur
Confort bateau
Tarifs premium
Maniabilité
Autonomie quelconque
6.5

Photos du Peugeot e-3008

Fiche technique de la Peugeot e-3008
MOTEUR
Type : Electrique
Puissance maxi : 157 kWh et 345 Nm
TRANSMISSION
Traction
Boîte de vitesses : automatique
POIDS
Données constructeur à vide : 2108 kg
PERFORMANCES
Vitesse maxi : 170 km/h
0 à 100 km/h : 8″8 sec
CONSOMMATION
Batterie: 73 kW utile
Conso: 17,4 kW / 100km WLTP
Autonomie WLTP: 510 km

Thomas Boulenger

Blogueur auto depuis 2009, je partage avec passion mes essais et mes voyages autour de l'auto. J'aime quand ça va vite, mais avec l'âge je commence à apprécier le confort du cuir... Ma deuxième passion est le vélo. Vous avez du le voir!
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